Parvenir à « de futures générations sans caries », tel est l'ambition affichée par le gouvernement qui choisit désormais de recentrer sa stratégie sur la prévention. Afin d'atteindre cet objectif, l'exécutif a décidé de réduire les remboursements des soins bucco-dentaires par la Sécurité sociale, qui passeront de 70 % à 60 % dès le 1er octobre. Pour les mutuelles, ce nouveau transfert de charges entraînera un surcoût d'environ 500 millions d'euros par an, un montant jugé excessif qu'elles ne pourront certainement pas assumer sans une augmentation des cotisations.
Remboursement des frais dentaires : vers une plus grande participation des mutuelles
La hausse de la contribution des mutuelles santé au remboursement des frais dentaires a été annoncée au grand public le 15 juin dernier.
La direction de la Sécurité sociale a informé les organismes de complémentaires santé qu'à partir du 1er octobre 2023, les soins dentaires seront pris en charge à hauteur de 60 % par l'Assurance maladie, contre 70 % actuellement. Cette baisse des remboursements est estimée à 500 millions d'euros par an, et devra être compensée par les mutuelles, assureurs et prévoyances.
Le ministère de la Santé a confirmé et soutenu cette mesure, la présentant comme un moyen de financer le plan de développement de la prévention bucco-dentaire.
L'objectif est de parvenir à « une génération sans caries » en réaffectant les économies réalisées dans le domaine préventif plutôt que curatif.
Cette décision a été prise dans le cadre de discussions tenues depuis l'automne dernier avec le ministre de la Santé, François Braun, et la Sécurité sociale.
La FNMF émet des réserves
Si l'objectif est louable, la mesure n'en est pas moins critiquée. La Fédération nationale de la Mutualité française (FNMF) a déploré la manière dont elle a été imposée et émet des doutes quant à son efficacité à court terme.
Eric Chenut, le président de la fédération,Critique « le caractère unilatéral de la décision » et souligne que « celle-ci ne répond pas aux défis sanitaires du futur, tels que les déserts médicaux et le vieillissement de la population.
Eric Chenut
Les Chirurgiens-Dentistes de France, principal syndicat de la profession, voient dans cette décision un désengagement de l'État vis-à-vis de la santé bucco-dentaire.
Augmentation très probable des cotisations
D'après les détracteurs de la mesure, cette décision rendra l'assurance santé encore plus onéreuse pour les particuliers. En effet, une augmentation des cotisations semble désormais inévitable, en dépit de la promesse du ministère de la Santé qui affirme que cela n'entraînera pas de coûts supplémentaires pour les assurés.
Les mutuelles soulignent les difficultés financières auxquelles elles sont déjà confrontées. La viabilité financière de certaines d'entre elles est mise en péril.
La relation entre le gouvernement et les mutuelles risque donc de se tendre, d'autant plus que des négociations tarifaires sont toujours en cours avec les syndicats de chirurgiens-dentistes et d'autres professionnels de santé.
- La Sécurité sociale demande aux mutuelles de prendre en charge une plus grande part des frais dentaires.
- Cette décision suscite des critiques et des inquiétudes quant à son impact financier sur les mutuelles et les assurés.
- Les mutuelles estiment qu'une hausse des cotisations est inévitable pour compenser cette baisse des remboursements.