Des entreprises réticentes à passer à la mobilité verte
Le dernier baromètre du Citepa révèle une légère hausse (+ 0,5 %) des émissions de CO2 à travers la France au cours du 3e trimestre 2024. Cette dégradation a été heureusement compensée par les baisses observées durant la première moitié de l'année, permettant un recul global de 2,4 %.
Pour la ministre de la Transition écologique, l'un des premiers responsables de cette inversion de la tendance est le secteur des transports, et plus particulièrement les flottes professionnelles. Agnès Pannier-Runacher explique en effet que le taux d'adoption des véhicules électriques par les entreprises n'est que de 11 %, soit plus de deux fois moins que les particuliers (+25 %).
Cette décrue des achats entrave la décarbonation du secteur, avec un impact négatif à court terme sur les émissions de CO2. Elle limite également sur le développement d'un marché de l'occasion pour les voitures électriques, pénalisant ainsi les ménages les moins aisés.
La demande est pourtant forte en la matière, comme l'a montré l'engouement pour les offres de leasing social en 2024. En raison d'un prix d'achat plus élevé que les modèles thermiques et les dépenses annexes comme l'assurance pour véhicule électrique, le segment du neuf reste inaccessible pour beaucoup.
Le chauffage également pointé du doigt
Malgré les efforts déployés ces dernières années dans la filière bâtiment, les émissions de CO2 liées au chauffage ont progressé de 11,8 % sur un an au troisième trimestre 2024. Un rebond des installations de chaudières à gaz et un usage accru du fioul expliquent en partie ce retour en arrière. Dans un contexte de baisse des prix de l'énergie, les ménages ont perdu leur motivation pour les efforts de sobriété.
Même MaPrimeRenov', l'aide mise en place pour financer les travaux de transition énergétique des logements, ne les encourage plus. Si le dispositif a échappé à la suppression voulue par le gouvernement Barnier, son octroi sera restreint aux foyers les plus aisés. Les autres bénéficieront d'une rallonge de 600 millions d'euros pour 2025.
À l'inverse, le bonus écologique pour l'achat de véhicules électriques sera revu à la baisse. Ces mesures risquent de freiner les efforts de décarbonation.
Les aides à la transition écologique sous la pression des contraintes budgétaires
La France s'est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 55 % d'ici 2030 et à atteindre la neutralité carbone en 2050. Or, considérant le rythme actuel de réduction des émissions, le pays pourra difficilement atteindre ces objectifs. De plus, la dégradation des puits de carbone naturels, comme les forêts, aggrave encore la situation.
Les prochaines discussions budgétaires s'annoncent importantes pour l'avenir de la transition énergétique.
Le gouvernement devra trouver un équilibre entre les contraintes économiques et la nécessité de minimiser la pollution atmosphérique.