Pour les grandes agglomérations, réduire la vitesse des voitures au cœur des centres urbains représente un défi majeur. Parmi elles figure la mise en place des Zones à Trafic Limité (ZTL). Afin d'inciter les automobilistes à ralentir, certaines municipalités se détournent des dispositifs classiques et trouvent des idées innovantes. Ainsi, depuis juin 2022, la métropole de Rouen mise sur le design actif.
Une initiative originale et esthétique pour apaiser la circulation automobile
Jusque-là, les villes ont principalement utilisé des panneaux de signalisation et aménagements physiques pour calmer la circulation automobile dans leur centre. Mais ces solutions sont souvent perçues comme intrusives ou inesthétiques. De ce constat est venue à Rouen l'idée de choisir le design actif, qui doit accompagner la suppression des feux tricolores.
Cette pratique consiste à peindre des œuvres d'art recouvrant la chaussée et même une partie des trottoirs, en lieu et place de marquages simplement fonctionnels. La municipalité s'est adressée à une figure locale, le plasticien et plasticien InkOj InkOj alias Nicolas Soulabail.
En commençant par la rue Jeanne-d'Arc, ces énormes fresques colorées aux formes géométriques et des formes abstraites sont un moyen original de capter l'attention des automobilistes et de les prévenir de réduire leur allure à l'approche des carrefours. Car à l'intérieur de cette zone de rencontre partagée par les véhicules, les vélos et les piétons, la vitesse est limitée à 20 km/h.
Par ailleurs, ces réalisations artistiques augmentent l'attractivité de l'espace public et le rendent plus agréable, créant une ambiance plus conviviale. Dans son communiqué, la Métropole annonce un
Triple objectif : encourager les mobilités douces sur son territoire, renforcer la sécurité des piétons et améliorer la cohabitation entre tous les usagers.
L'association de l'art et de la sécurité routière gagne en popularité
Bien qu'encore en phase de test, le projet de la métropole de Rouen de recourir au design actif séduit de nombreuses autres villes, qui pourraient s'en inspirer.
D'ailleurs, l'initiative n'est pas unique en son genre dans l'Hexagone. En 2019, la municipalité de Rennes a eu l'idée d'associer art et sécurité routière, en demandant à des collectifs d'artistes de peindre quatre œuvres de street art sur le boulevard de la Liberté. Plus récemment, en novembre 2022, c'est la ville de Blois, dans le Loir-et-Cher, qui a fait créer des fresques colorées dans le périmètre entourant trois de ses groupes scolaires afin de pousser les conducteurs à rouler à vitesse très réduite.
Et il semble que ces marquages d'un nouveau style contribuent réellement à faire évoluer le comportement des automobilistes vers davantage de prudence et de responsabilité. Les résultats d'une étude menée par l'association américaine Bloomberg Philanthropies viennent appuyer ces conclusions. Ses auteurs affirment en effet que
Le risque d'accident routier diminuerait de 17 % dans les zones de rencontre où le street art embellit le bitume.
C'est également une bonne nouvelle pour les assureurs, confrontés à une flambée des dépenses pour l'indemnisation des dommages matériels et corporels dus aux excès de vitesse, et qui expliquent en partie la forte hausse des tarifs d'assurance auto.
- Les grandes villes cherchent à réduire la vitesse des voitures en centre-ville en recourant à des solutions innovantes comme le design actif, à l'exemple de Rouen.
- Des œuvres d'art colorées sont peintes sur la chaussée afin d'inciter les automobilistes à ralentir à l'approche des carrefours et promouvoir ainsi une circulation plus apaisée.
- Les fresques artistiques améliorent en outre l'esthétique de l'espace public et favorisant des relations plus cordiales entre les usagers.
- L'association entre l'art et la sécurité routière gagne en popularité dans d'autres villes françaises.