Une hausse préoccupante des annulations de contrats
Un récent rapport du California Department of Insurance (CDI), superviseur du secteur, montre une forte augmentation du nombre d'annulations de polices d'assurance à travers l'État, particulièrement dans les zones à risque d'incendies. La tendance a commencé en 2019, en particulier pour le segment résidentiel. Sur la période 2020-2023, 30,2 millions de nouveaux contrats ont été signés, contre 3,6 millions qui n'ont pas été renouvelés.
Les compagnies invoquent plusieurs raisons pour justifier ces décisions, notamment :
- l'augmentation des risques et dépenses d'indemnisation associés aux catastrophes naturelles,
- l'insuffisance des revenus générés par les primes,
- ou encore des problèmes liés à l'état des biens immobiliers.
Certaines ont d'ailleurs stoppé les nouvelles souscriptions, tandis que quelques acteurs ont tout bonnement fermé leurs bureaux californiens.
Des conséquences lourdes pour les Californiens
L'annulation des contrats entraîne une vulnérabilité pour les propriétaires, notamment les plus modestes. En effet, en cas de sinistre, ils ne sont pas indemnisés. Ceux qui en ont les moyens sont contraints de s'orienter vers des couvertures coûtant plusieurs milliers de dollars, voire plus de 40 000 dollars par an. D'autres se heurtent à des refus d'assurance répétés.
Quant aux ménages éligibles au plan FAIR, un dispositif local soutenu par l'État, ils doivent se contenter d'options onéreuses pour des garanties inférieures à celles des polices privées. Faute de solution, 450 000 foyers californiens y ont souscrit en septembre 2024, contre 200?000 quatre ans plus tôt.
Ces difficultés poussent d'ailleurs les assurés à prendre l'initiative de la rupture du contrat. La commission affirme ainsi que
75 % à 80 % des cas de non-renouvellement sont décidés par les clients.
Outre la cherté, ces derniers invoquent un changement d'assureur, ou la vente de la maison concernée. La plupart se contentent alors de la couverture collective payée par l'association des propriétaires. Or, celle-ci protège les terrains et installations, mais pour une somme dérisoire.
Le problème n'est pas l'apanage des États-Unis. Le défaut d'assurance en France, par exemple, est un fléau dans l'automobile, mais également dans l'habitation. Pourtant, les contrevenants s'exposent à la résiliation unilatérale du bail par le bailleur.
Des milliards d'euros de pertes vont entraîner un nouvel enchérissement de l'assurance habitation
Les experts prédisent d'ores et déjà l'atteinte de records de pertes pour les zones en proie aux flammes, incluant Altadena, Malibu, Pasadena, mais surtout Pacific Palisades. J.P. Morgan Insurance avance le chiffre de 50 milliards de dollars, soit 30 milliards de plus que ses prévisions initiales. AccuWeather se montre encore plus pessimiste, et table sur 135 à 150 milliards de dollars de dommages et de pertes économiques.
La situation critique des Californie soulève de nombreuses questions sur le fonctionnement du marché de l'assurance. Les compagnies sont confrontées à un dilemme : concilier leur besoin de rentabilité avec leur obligation de couvrir des risques accrus posés par le changement climatique.
Les régulateurs font également face à un défi de taille : garantir l'accès à l'assurance pour la population, tout en préservant la stabilité financière du secteur. Les associations de défense des droits des consommateurs affirment de leur côté que ces organismes réalisent des marges confortables sur ce marché, numéro 4 mondial pour l'assurance.
Dans tous les cas, les habitants doivent se préparer à une explosion de leur prime annuelle, de l'ordre de 40 % à 50 %, car la Californie, comme tous les autres États, autorise désormais la réassurance. Or, l'achat de polices auprès d'homologues, une pratique visant à diluer le risque pour les assureurs, entraîne une majoration qu'ils répercutent sur leurs clients. Et la crise ne semble pas près de prendre fin, avec la multiplication des événements climatiques extrêmes.