Dégât des eaux en copropriété et fonctionnement des assurances
L'assurance de la copropriété n'est pas toujours obligatoire, néanmoins de par son importance elle est plus que conseillée et, dans les faits, majoritairement prévue dans les règlements des copropriétés. Dès lors, comment s'articulent les différentes assurances, c'est-à-dire celle de la copropriété, celle du copropriétaire ou même celle du locataire ? L'article détaillera la procédure pour un dégât des eaux qui est le sinistre de loin le plus fréquent en copropriété.
Qui doit être assuré ?
En copropriété plusieurs acteurs peuvent ou doivent être assurés. Qu'il s'agisse du syndic, du propriétaire bailleur ou même du locataire.
Ainsi dans un premier temps le syndic, même s'il n'y est pas obligé dans les textes, se doit d'être assuré. Les risques sont nombreux, peuvent porter sur de gros montants et pèsent sur tous les propriétaires. Les primes d'assurances seront payées par tous les copropriétaires avec les charges de l'immeuble. Voici un article qui explique clairement pourquoi cette assurance de copropriété est indispensable en détaillant son rôle et son étendue.
S'agissant ensuite des différents copropriétaires habitant l'immeuble ces derniers sont soumis à une obligation d'assurance habitation. La loi ALUR oblige effectivement ces derniers à s'assurer, au minimum, pour la responsabilité civile obligatoire. Encore une fois, cette assurance se révèle indispensable. En effet la couverture offerte par la multirisque habitation couvre tellement de situations qu'il apparaît réellement délicat de courir le risque de se passer aujourd'hui de garanties plus poussées que la simple responsabilité civile.
Le copropriétaire bailleur est lui aussi soumis à la même obligation d'assurance. Cette assurance du propriétaire non occupant peut s'avérer d'un grand secours en cas de sinistre. Cette dernière permet effectivement de combler les vides assurantiels qui peuvent exister entre le contrat d'assurance du locataire et celui de la copropriété. Elle permettra aussi la couverture du logement en cas de vacance locative ou de défaut d'assurance du locataire de votre logement. Rappelez-vous d'ailleurs à ce titre que la loi ALUR permet aussi au propriétaire bailleur de souscrire une assurance habitation pour le compte de son locataire défaillant !
Quant au locataire, ce dernier est, pour sa part, bien soumis à une obligation d'assurance en application de la loi du 6 juillet 1989 tendant à améliorer les rapports locatifs. Il est donc dans l'obligation de souscrire une multirisque habitation le couvrant au minimum pour les risques dégâts des eaux, incendie et explosion sous peine de résiliation du bail s'il ne peut pas fournir de justificatif à son propriétaire.
En pratique donc les situations peuvent être différentes, mais il arrive bien souvent que tous les acteurs disposent des couvertures nécessaires, y compris ceux sur lesquels ne pèse pas une obligation d'assurance. En cas de sinistre il y a donc plusieurs assureurs a priori concernés et il est important de savoir qui prévenir, quand le prévenir et quel assureur prendra effectivement le sinistre à sa charge.
Quelle gestion du sinistre par les assurances ?
Tout d'abord il est important d'être au courant des délais existant en matière de déclaration des sinistres. Ces derniers doivent être déclarés dans les cinq jours ouvrés après que l'assuré en ait eu connaissance, à l'exception du vol qui est soumis à un délai de deux jours ouvrés, et des catastrophes naturelles pour lesquelles vous disposez de dix jours ouvrés à compter de l'arrêté interministériel déclarant l'état de catastrophe naturelle.
Lorsque le dégât des eaux concerne les parties communes
Il faudra dans un premier temps procéder à la recherche de la fuite. Dans ce cas de figure c'est le syndicat qui diligentera une entreprise de plomberie pour trouver l'origine de la fuite. En fonction du résultat des recherches, l'entreprise rendra un rapport d'intervention dans lequel elle indiquera l'origine de la fuite (la fuite provient des parties privatives ou communes).
Plusieurs solutions dans ce cas en fonction des syndicats et des différents assureurs et garanties souscrites :
- Le syndicat prendra à sa charge les recherches de la fuite. Certains prennent toujours à leur charge les frais de ces recherches même lorsque l'origine de la fuite est une cause privative,
- D'autres ne prendront en charge les recherches que si la cause vient des parties communes, dans le cas contraire ils donneront la facture au copropriétaire concerné par l'origine de la fuite.
Il faudra pour connaître le sort du paiement de ces recherches vous tourner vers le règlement du syndic ainsi que son assureur, ces derniers seront en mesure de le déterminer.
Ensuite dans tous les cas les réparations de l'origine du sinistre ne seront pas prises en charge par l'assureur, ce dernier ne prendra en charge que les conséquences dommageables de cette fuite.
Il faudra ensuite se référer au mode de règlement des dégâts des eaux prévu par les conventions CIDRE et CIDE COP.
De manière générale l'assurance du syndic n'entrera en jeu que lorsque les parties communes sont à l'origine du sinistre.
Lorsque le dégât des eaux concerne uniquement des parties privatives
Lors de la découverte d'un dégât des eaux il vous faudra donc prévenir au plus vite votre assureur, les autres propriétaires et occupants de l'immeuble et le syndic.
Il faudra là aussi déterminer l'origine de la fuite : est-ce une autre partie privative qui provoque des dégâts chez vous ? Est-ce une partie commune qui provoque des dégâts sur les parties privatives ? Est-ce vous qui provoquez des dégâts sur les autres parties privatives et communes ?
Notons que dans ce cas de figure il est largement admis que c'est celui qui demande la recherche qui devra en supporter le paiement. Il faudra alors vérifier si une telle garantie est prévue par votre assureur (garantie recherche des fuites) afin d'être indemnisé. Vous pourrez néanmoins demander à la copropriété d'actionner son assurance si l'origine du sinistre vient des parties communes.
Dans tous les cas prévenez assureurs et propriétaires. Ces derniers seront ensuite en mesure de diligenter les éventuelles expertises nécessaires et pourront éventuellement régler le sinistre en application des conventions CIDRE et CIDE COP. Lorsque ces conventions ne seront pas applicables, car les plafonds sont dépassés, l'assureur proposera une indemnisation sur la base d'un rapport d'expertise qu'il vous sera possible d'accepter ou de contester.
S'agissant de l'indemnisation.
Entre deux lots de copropriété il faudra suivre les recommandations détaillées dans cet article afin de pouvoir être indemnisé par l'assurance concernée. Si la copropriété est aussi touchée cette dernière fera appel à son assurance pour la réparation des dégâts subis par les parties communes.
Lorsque les parties communes sont à l'origine du dommage dans une partie privative c'est l'assureur de la victime qui se tournera vers l'assureur de la copropriété pour obtenir la réparation du dommage, ces derniers pouvant aussi appliquer la convention CIDRE.
Il appartiendra toujours au responsable du dommage de procéder à la réparation de ces derniers. À ce titre, avant le commencement des réparations des dommages causés par le sinistre il convient toujours d'en réparer l'origine avant de commencer les travaux.
En résumé Il convient toujours d'être bien assuré en copropriété car le risque de sinistre y est plus grand que dans un habitat isolé. Que ce soit la proportion de chance d'en subir un ou d'en faire subir à plusieurs copropriétaires. En cas de survenance il est primordial de prévenir toutes les personnes concernées au plus vite et notamment les assureurs qui par la suite, pourront prendre les choses en main. Ils pourront diligenter les professionnels aptes à procéder à l'estimation des coûts, déterminer la personne à l'origine du sinistre et pourront vous indiquer clairement qui prendra en charge chaque partie du sinistre. N'attendez pas qu'il soit trop tard avant de vous assurer !