Profils Facebook, Twitter ou encore Instagram permettent à des tiers de voir vos publications si celles-ci sont ouvertes au public. À des tiers, et aussi aux assureurs, qui peuvent s'en servir pour démasquer une fraude à l'assurance...
Les réseaux sociaux « offrent un récit en temps réel des activités de chacun. Ce que les assureurs font, c'est rechercher des anomalies dans les déclarations, des choses qui ne concordent pas » livre à Les Echos Mark Allen, responsable de la fraude au sein de l'association des assureurs Britanniques.
Aviva s'est par exemple rendu compte qu'un homme de 29 ans, qui avait déclaré souffrir de blessures au cou et au dos suite à un accident de voiture, avait publié plus tard dans la même journée une photo de lui lors d'un semi-marathon. « C'est une preuve que le fraudeur lui-même ne peut pas contester » a commenté The Guardian. Une preuve qui, généralement, amène l'assureur à mener une enquête supplémentaire qui permet de détecter la fraude.
Chaque année, la fraude à l'assurance représente pas moins de 2,5 milliards d'euros de perte pour les assureurs selon l'Alfa, l'Agence pour la lutte contre la fraude à l'assurance.
Un cadre juridique strict
Mais les assureurs ont-ils le droit de s'immiscer ainsi dans votre vie privée ? Eh bien oui, dans le cas où cette vie n'est justement pas privée puisque les informations sont publiées publiquement, et que n'importe qui peut donc y avoir accès. Il ne s'agit aucunement de pirater votre compte pour commencer à fouiller dans vos données personnelles. De plus « seul le traitement manuel des données en ligne est autorisé. Nous n'avons pas le droit de faire un traitement automatique des données nominatives en ligne, ni de les stocker » explique François Nédey, directeur technique d'Allianz France. C'est la Cnil, la Commission nationale de l'informatique et des libertés, qui encadre cette pratique.
Juridiquement, les photos provenant de vos profils internet ne sont pas considérées comme des preuves, mais elles peuvent aisément mettre la puce à l'oreille de votre assureur et déclencher une enquête de plus grande envergure. N'oubliez pas qu'en France la fraude à l'assurance est une infraction pénale qui peut aboutir à des amendes très élevées et même, si la fraude est organisée, à une peine de prison.
Si faire un tour sur les réseaux sociaux est une pratique très courante en Angleterre et aux Etats-Unis, elle n'est arrivée que très récemment encore en France. Il semblerait même que des compagnies d'assurance fassent désormais appel à des cabinets spécialisés dans l'analyse de données personnelles et du Big Data à grande échelle, et ne se limitent donc pas aux publications publiques de vos profils Facebook.