Pour lutter contre l’addiction et la dépendance aux médicaments opioïdes, l’Agence Nationale de la Sécurité des Médicaments (ANSM) a mis en place de nouvelles mesures visant à limiter les risques de fraudes aux ordonnances.

L’ANSM prend des mesures pour lutter contre l’abus des médicaments opioïdes

La délivrance des médicaments sur présentation d'une ordonnance sécurisée

La surconsommation d'opioïdes constitue aujourd'hui un véritable fléau. En effet, le Tramadol et la codéine destinés à apaiser les douleurs provoquent une accoutumance en cas d'abus. Or, sur près de 2 600 ordonnances ayant fait l'objet d'une falsification, 873 portent sur ces deux médicaments, et ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. Cette situation porte préjudice non seulement au patient, mais aussi à l'Assurance Maladie et aux organismes de mutuelle santé qui prennent la dépense en charge.

Pour faire face à ce phénomène, l'ANSM impose la possession d'une ordonnance sécurisée pour obtenir les opioïdes. C'est déjà le cas pour les médicaments contenant de la morphine et pour de nombreux psychotropes. Ces documents comportent notamment un filigrane et une mention obligatoire pré-imprimée qui permet d'identifier clairement le médecin prescripteur. Aux États-Unis, la prescription incontrôlée et frauduleuse du fentanyl, qui appartient également à la famille des opioïdes, a provoqué une véritable crise sanitaire.


Une avancée nécessaire, mais insuffisante selon les pharmaciens

Selon Philippe Besset, Président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPH) dans une déclaration à l'AFP,

Il est primordial de limiter l'accès aux opioïdes qui sont des médicaments particulièrement addictifs.

La sécurisation des ordonnances est donc une mesure appréciée, d'autant que la validité de la prescription ne pourra plus excéder 12 semaines. Néanmoins, ce professionnel regrette l'utilisation d'un moyen déjà dépassé. Il suggère en alternative

La mise en place des ordonnances numériques pour lutter efficacement contre les fraudes.

Au cours de la seule année 2022, la surconsommation de Tramadol a provoqué la mort de 14 personnes, tandis que la surdose de codéine a entraîné 6 décès. De nombreuses actions de sensibilisation et de contrôle ont déjà été menées et ont permis de réduire de 6 % la prescription des opioïdes entre 2022 et 2023, mais des efforts supplémentaires doivent être consentis.

À retenir
  • L'ANSM impose les ordonnances sécurisées pour obtenir les opioïdes comme le Tramadol ou la codéine.
  • La validité du document est de 12 semaines.
  • La fédération des pharmaciens apprécie la démarche, mais regrette le retard technologique.
  • La consommation abusive du Tramadol a fait 14 morts en un an.