Face aux défis sanitaires actuels, le reconditionnement de médicaments se présente comme une approche innovante et prometteuse, souvent négligée. Plutôt que d’élaborer de nouveaux médicaments à partir de zéro, celui-ci consiste à identifier de nouvelles applications pour des molécules ayant déjà démontré leur efficacité, qu’elles soient homologuées ou encore en cours d’essai.
En s'appuyant sur des médicaments existants, cette approche permet d'écourter considérablement le processus de développement et d'homologation de nouveaux traitements. Cela se traduit par un accès plus rapide aux patients pour des maladies qui en ont cruellement besoin.
Une innovation thérapeutique plus rapide et économique
Comme les nouveaux traitements sont développés à partir de médicaments déjà commercialisés, il n'est plus nécessaire de procéder aux essais thérapeutiques puisque leur innocuité sur les humains a déjà été éprouvée. De même, leur production est assurée par des infrastructures existantes.
D'après Nathalie Coutinet, économiste de la santé et coauteure de «Économie du médicament»,
Cette initiative est plus rapide et moins coûteuse, avec à la clé des millions d'euros d'économies.
Un avis partagé par Frédéric Bizard, économiste de la santé et auteur de «L'autonomie solidaire en santé».
Cette solution est aussi bénéfique pour les patients, étant donné que leurs traitements pourront être remboursés rapidement par la mutuelle santé.
Exploiter le pouvoir curatif insoupçonné des vieilles molécules
Certains médicaments autorisés qui ont déjà été utilisés pour soigner de nouvelles pathologies ont démontré leur efficacité dans des domaines bien au-delà de leurs indications d'origine.
C'est le cas de l'aspirine, reconnue pour ses vertus anti-inflammatoires, qui est depuis longtemps employée pour prévenir les récidives d'infarctus du myocarde et d'AVC en raison de ses propriétés anticoagulantes.Malheureusement, le repositionnement de médicaments n'est pas exempt d'échecs retentissants, comme en témoigne la controverse entourant l'hydroxychloroquine, promue à tort comme un remède miracle contre la COVID-19 par le Pr Didier Raoult. Cependant, il a démontré son efficacité dans le traitement de maladies autrefois considérées comme incurables.
Une étude publiée dans le JAMA Dermatology en janvier 2020 rapporte la rémission de trois enfants atteints du syndrome d'Olmsted — une maladie de la peau rare pour laquelle il n'existe aucun traitement — grâce à l'erlotinib, un médicament utilisé dans le traitement du cancer.
Afin de stimuler la recherche dans ce domaine, Galeon, une start-up spécialisée dans l'intelligence artificielle en santé, lance une campagne d'appel à projets. Celle-ci cible les médecins susceptibles de faire la découverte fortuite de propriétés bénéfiques de médicaments pour des indications autres que celles pour lesquelles ils ont été initialement prévus.
Ainsi, ceux ayant des intuitions étayées sur un médicament pouvant être repositionné sont encouragés à soumettre leurs observations via un formulaire en ligne.
Ces initiatives thérapeutiques plus abordables sont d'ailleurs au cœur de la réforme sur la législation pharmaceutique de l'UE, visant à pallier les pénuries de médicaments et à garantir la sécurité de l'approvisionnement en promouvant davantage le repositionnement tout en facilitant les démarches des médecins et des chercheurs pour l'approbation de nouveaux usages.
- Le réemploi d'anciens médicaments dont le brevet est tombé dans le domaine public est de plus en plus exploité par les biotechs pour faire face aux problèmes de santé actuels.
- Cette approche consiste à utiliser des médicaments déjà homologués pour soigner une maladie différente de celle de l'indication d'origine.
- Cette stratégie présente l'avantage d'être moins coûteuse en temps et en argent.