Accident du travail : droits, démarches et recours

Une glissade, un choc, un malaise sur le lieu de travail… L’accident peut survenir sans prévenir, mais les démarches qui suivent, elles, ne s’improvisent pas. Cette page vous guide pas à pas pour déclarer l’accident, faire valoir vos droits, obtenir une indemnisation et éviter les erreurs qui pourraient vous coûter cher.

En résumé

Ce qu'il faut retenir

  • Un accident du travail est un événement soudain survenu pendant l’activité professionnelle, reconnu après déclaration et certificat médical.
  • Après un accident, il faut prévenir l’employeur sous 24 heures et consulter un médecin pour déclencher la prise en charge.
  • Les soins sont pris en charge à 100 % et les indemnités journalières versées sans délai de carence.
  • L’accident de trajet bénéficie d’une prise en charge similaire, avec une rente si un taux d’IPP =10 % est reconnu.
  • Les indépendants doivent souscrire une assurance volontaire pour être protégés en cas d’accident professionnel.
déclaration d'un accident du travail

Comprendre ce qu'est un accident de travail

En matière de santé au travail, les mots ont leur importance. Avant d'entamer quoi que ce soit, encore faut-il savoir exactement ce que recouvre la notion d'accident du travail. Légalement encadré, ce terme ne se confond pas avec celui de trajet ni avec celui de maladie professionnelle. Voici les distinctions essentielles à retenir.

Définition légale et critères de reconnaissance

Selon la définition donnée par le Code de la Sécurité sociale (article L.411-1), un accident du travail est un événement soudain survenu par le fait ou à l'occasion du travail, quelle qu'en soit la cause, et qui entraîne une lésion physique ou psychologique. Cette notion recouvre aussi bien une chute sur le lieu de travail qu'un malaise consécutif à une surcharge de stress professionnel.

L'accident doit survenir dans le cadre de l'activité professionnelle : sur le lieu de travail, pendant les horaires de travail, ou encore lors d'une mission pour l'employeur. En cas de doute, c'est la Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) qui statue sur la reconnaissance ou non du caractère professionnel.

Un principe de présomption d'imputabilité s'applique : si l'accident a lieu pendant le travail et sur le lieu du travail, il est présumé d'origine professionnelle, sauf preuve contraire.

Accident de trajet : quelles différences ?

L'accident de trajet est un cas particulier. Il concerne les événements survenus pendant le trajet aller ou retour entre le domicile et le lieu de travail, ou entre le lieu de travail et le lieu habituel de restauration (cantine, restaurant, etc.).

Là encore, pour être reconnu, il doit être directement lié au parcours normal : un détour non justifié peut faire obstacle à la prise en charge.

Même si la déclaration suit les mêmes modalités que l'accident du travail, les règles d'indemnisation peuvent différer. Par exemple, l'accident de trajet bénéficie d'une prise en charge similaire, y compris une rente d'IPP en cas de séquelles, mais il ne permet pas d'engager la responsabilité de l'employeur pour faute inexcusable.

Et la maladie professionnelle ?

Contrairement à l'accident, qui survient de façon soudaine, la maladie professionnelle résulte d'une exposition prolongée à un risque dans le cadre de l'activité professionnelle : poussières toxiques, gestes répétitifs, bruit excessif, etc.

La reconnaissance d'une maladie professionnelle repose sur des tableaux officiels définis par décret. Ces tableaux précisent les conditions d'exposition, les délais de prise en charge et les affections reconnues. Si la maladie ne figure pas dans les tableaux, une reconnaissance « hors tableau » reste possible, mais demande une procédure plus complexe.


Les démarches à suivre après un accident de travail

En cas d'accident du travail, chaque minute compte. Une bonne gestion des démarches, dès les premières heures, conditionne la reconnaissance de celui-ci par l'Assurance maladie et le versement des indemnités. Voici un guide pas à pas pour ne rien laisser au hasard.

Les premiers réflexes

Prévenir son employeur

Le salarié doit informer son employeur dans les 24 heures suivant l'accident, sauf en cas de force majeure, d'hospitalisation ou d'impossibilité manifeste. Cette information peut être donnée oralement ou par écrit (courrier, mail), mais il est conseillé de conserver une preuve de cette notification.

Consulter un médecin

L'accidenté doit consulter un médecin rapidement, même si la blessure semble bénigne. Le professionnel de santé établira un certificat médical initial décrivant précisément :

  • la nature des lésions,
  • leur localisation,
  • les conséquences fonctionnelles,
  • et l'arrêt de travail éventuel.

Ce certificat est essentiel pour ouvrir droit à l'indemnisation.

La déclaration à la CPAM : qui fait quoi ?

L'employeur a l'obligation de déclarer l'accident

Dans les 48 heures ouvrées suivant la notification, l'employeur doit :

  • remplir une déclaration d'accident du travail (DAT),
  • la transmettre à l'Assurance maladie de l'employé,
  • remettre une feuille d'accident au concerné, qui lui permettra de bénéficier du tiers payant à 100 %.

La DAT peut se faire en ligne via Net-Entreprises ou par courrier recommandé.

Et si l'employeur ne déclare pas ?

Le salarié peut faire une déclaration à titre personnel auprès de la Caisse d'Assurance maladie, dans un délai de deux ans à compter de la date de l'accident, en remplissant le formulaire Cerfa n°14463*03.

Mais attention : plus elle est tardive, plus la reconnaissance peut être complexe.

Le rôle du certificat médical

Ce document est le pilier du dossier. Sans lui, aucune reconnaissance possible par la CPAM. Il doit être transmis :

  • à l'Assurance maladie (par le médecin ou par le concerné),
  • à l'employeur (copie sans données médicales),
  • conservé par l'employé.

Il existe aussi des certificats de prolongation en cas d'arrêt prolongé, ou de consolidation en fin de soins.

En cas de refus de reconnaissance

La CPAM dispose de 30 jours pour se prononcer sur la reconnaissance de l'accident. Ce délai peut être prolongé à 90 jours si la caisse engage une instruction complémentaire (enquête, demande d'expertise). En cas de silence, on parle de décision implicite de reconnaissance. Mais si la caisse conteste, elle informe le salarié et l'employeur.

Recours possibles :

  • Commission de recours amiable (CRA) : premier niveau de contestation, par lettre recommandée.
  • Tribunal judiciaire – Pôle social : en cas d'échec ou de rejet de la CRA, recours juridictionnel possible.

Les droits du salarié après un accident reconnu

Une fois l'accident reconnu comme professionnel par l'Assurance maladie, le concerné bénéficie de droits spécifiques qui assurent sa prise en charge médicale, financière et juridique. Ces droits visent à compenser la perte de revenus, à faciliter la réinsertion professionnelle et à protéger le contrat de travail.

La prise en charge des soins

Une des premières conséquences d'un accident du travail reconnu est la prise en charge intégrale des frais de santé liés à celui-ci.

Ce que cela couvre :

  • Consultations médicales
  • Médicaments prescrits
  • Hospitalisations
  • Examens (radio, IRM…)
  • Soins infirmiers, rééducation, prothèses si besoin

Avantage majeur : le tiers payant est automatique, à condition de présenter la feuille d'accident remise par l'employeur. Aucune avance de frais n'est donc exigée.

Les indemnités journalières (IJ)

Lorsqu'un arrêt de travail est prescrit à la suite d'un accident du travail, le salarié perçoit des indemnités journalières (IJ) versées par la Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM). Contrairement à un arrêt maladie classique, aucun délai de carence n'est appliqué : l'indemnisation commence dès le premier jour d'arrêt, y compris les jours non ouvrés.

Le montant versé dépend de la rémunération perçue avant l'évènement. Pendant les 28 premiers jours, les IJ représentent 60 % du salaire journalier brut. Au-delà, ce taux est porté à 80 %. Le calcul s'effectue sur la base du mois précédant l'arrêt de travail.

Selon la convention collective applicable ou les accords d'entreprise, un complément de salaire peut également être versé par l'employeur ou par un organisme de prévoyance.

Protection de l'emploi

En cas d'accident du travail reconnu, le salarié bénéficie d'une protection contre le licenciement pendant toute la durée de son arrêt. Seules une faute grave ou l'impossibilité de maintenir le contrat peuvent justifier une rupture.

En cas d'inaptitude à la reprise, l'employeur doit proposer un reclassement adapté. Le licenciement n'est possible qu'en cas d'impossibilité de reclassement, et selon des règles précises.

Reconnaissance d'une incapacité permanente

Si l'accident entraîne des séquelles, un taux d'incapacité permanente partielle (IPP) est fixé par la CPAM.

  • En dessous de 10 % : versement d'un capital unique.
  • À partir de 10 % : attribution d'une rente mensuelle.

En cas de faute inexcusable de l'employeur, l'indemnisation peut être majorée, avec réparation des préjudices personnels (moraux, esthétiques, etc.).

Assurance, prévoyance et recours complémentaires

En cas d'accident du travail, l'indemnisation versée par la Sécurité sociale peut s'avérer insuffisante, notamment si l'arrêt se prolonge ou si des séquelles durables apparaissent. C'est là qu'entrent en jeu les dispositifs d'assurance prévoyance et les recours complémentaires, souvent méconnus pourtant essentiels pour sécuriser sa situation financière.

La prévoyance collective : un filet de sécurité renforcé

Dans de nombreuses entreprises, notamment du secteur privé, les salariés bénéficient d'un contrat de complémentaire santé, généralement souscrit par l'employeur. Ce contrat prend le relais de la Sécurité sociale pour compléter les indemnités journalières ou verser une rente en cas d'invalidité.

Le maintien de salaire est alors renforcé : il peut atteindre jusqu'à 100 % de la rémunération nette, selon les garanties prévues par la convention collective ou l'accord d'entreprise. Il est donc recommandé, en cas d'accident du travail, de vérifier rapidement ses droits auprès du service RH ou de l'organisme de prévoyance.

Ces dispositifs sont d'autant plus utiles qu'ils interviennent sans remettre en cause les versements de la CPAM. Ils viennent simplement s'y additionner, en fonction de la perte réelle de revenu.

Pour aller plus loin dans votre protection, pensez à comparer les offres de mutuelles santé. Certaines prennent en charge les dépassements d'honoraires ou les soins non remboursés après un accident du travail. Utilisez notre comparateur gratuit pour trouver la couverture la plus adaptée.

Assurance volontaire pour les indépendants

Contrairement aux salariés, les travailleurs indépendants ne bénéficient d'aucune couverture automatique en cas d'accident professionnel. Ils doivent pour cela souscrire une assurance volontaire AT/MP auprès de l'Assurance maladie de leur lieu d'activité.

Cette assurance permet de bénéficier :

  • d'une prise en charge à 100% des soins liés à l'accident,
  • du versement d'indemnités journalières en cas d'arrêt,
  • d'une rente ou d'un capital en cas d'incapacité permanente.

Le montant de la cotisation dépend du revenu annuel déclaré. En revanche, cette couverture reste moins protectrice que celle d'un employé : le montant des IJ est forfaitaire, et certaines garanties sont limitées.

Certaines mutuelles ou assureurs privés proposent des offres plus complètes, adaptées aux professions libérales, artisans ou auto-entrepreneurs. Ces contrats peuvent inclure la prise en charge du manque à gagner, la protection du conjoint collaborateur ou encore le remboursement de frais professionnels pendant l'arrêt.

Autres recours : faute inexcusable de l'employeur

Si l'accident est lié à une défaillance grave de l'employeur – absence de formation à la sécurité, matériel non conforme, mise en danger connue – le salarié peut engager une action pour faute inexcusable.

Cette démarche permet d'obtenir :

  • une majoration de la rente d'incapacité,
  • et surtout, une indemnisation complémentaire des préjudices personnels : souffrances physiques, morales, atteinte à l'image, perte de revenus futurs…

La reconnaissance de la faute inexcusable se fait devant le pôle social du tribunal judiciaire, souvent avec l'accompagnement d'un avocat ou d'un syndicat. Il s'agit d'un recours plus long, mais parfois indispensable lorsque l'accident a des conséquences lourdes et durables.


Vers qui se tourner pour être accompagné ?

Être victime d'un accident du travail, c'est souvent faire face à une succession de démarches administratives, médicales et juridiques. Heureusement, le salarié n'est pas seul. Plusieurs interlocuteurs et organismes peuvent l'informer, l'assister ou défendre ses droits à chaque étape.

La CPAM : interlocuteur central pour la reconnaissance et l'indemnisation

C'est à la Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) que reviennent la réception de la déclaration d'accident, la reconnaissance du caractère professionnel de l'événement, et le versement des indemnités journalières. Elle instruit également les demandes d'indemnisation en cas d'incapacité permanente.

Les CPAM disposent d'un service social qui peut accompagner les assurés dans leur parcours, en particulier en cas de situation complexe ou de rechute. Ce service peut être saisi par simple demande via le compte Ameli ou par téléphone.

Le médecin traitant et le médecin du travail

Le médecin traitant est le premier référent médical du salarié : il établit le certificat initial, les éventuelles prolongations d'arrêt, ainsi que le certificat de consolidation ou de rechute. Il joue un rôle essentiel dans la traçabilité des lésions et leur lien avec l'accident.

Le médecin du travail, quant à lui, intervient à la reprise. Il évalue l'aptitude du salarié à reprendre son poste ou à occuper un poste adapté. En cas d'inaptitude, c'est lui qui déclenche la procédure de reclassement. Son rôle est aussi préventif : il peut recommander des aménagements du poste ou alerter sur des risques professionnels.

Les représentants du personnel et l'inspection du travail

Au sein de l'entreprise, les membres du Comité social et économique (CSE) – s'il existe – peuvent conseiller et accompagner une victime d'accident. Ils ont accès à des informations sur les risques professionnels et peuvent faire valoir les droits du concerné auprès de son employeur.

En dehors de l'entreprise, l'inspection du travail peut être saisie en cas de manquement grave de l'employeur aux règles de sécurité. Elle peut notamment intervenir en cas de refus de DAT ou de tentative de licenciement abusive.

Les associations et services d'aide

Certaines associations spécialisées accompagnent les victimes d'accidents du travail ou de maladies professionnelles. La plus connue est la FNATH (Fédération nationale des accidentés du travail et des handicapés), qui propose un accompagnement juridique et administratif personnalisé.

Les assurances santé ou prévoyance peuvent également fournir une assistance, notamment en cas de procédure pour faute inexcusable ou pour l'évaluation des droits à indemnisation complémentaire.

FAQ

FAQ

Qu'est-ce qu'un accident de travail et comment est-il reconnu par l'assurance ?

C'est un événement soudain survenu pendant le travail, causant une lésion. Il est reconnu par la CPAM après déclaration par l'employeur et certificat médical. La maladie professionnelle, elle, découle d'une exposition prolongée à un risque.

Quelles démarches effectuer en cas d'accident de travail ?

Prévenez l'employeur sous 24 h, consultez un médecin pour obtenir un certificat médical, et assurez-vous que l'accident est bien déclaré à la CPAM sous 48 h. En cas de refus de l'employeur, vous pouvez déclarer vous-même.

Quels droits le salarié a-t-il après un accident de travail reconnu ?

Les soins sont pris en charge à 100 %, les IJ sont versées dès le 1er jour, sans carence. L'employé est protégé contre le licenciement, et peut percevoir une rente ou un capital en cas de séquelles.

L'assurance couvre-t-elle aussi les indépendants ou non-salariés ?

Pas automatiquement. Ils doivent souscrire une assurance volontaire AT/MP auprès de la CPAM. Elle permet de couvrir les soins, de percevoir des IJ et une éventuelle indemnisation en cas d'incapacité.

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