Alerte Rouge sur la santé mentale des jeunes

La santé mentale est devenue un enjeu majeur dans les sociétés occidentales et particulièrement celle des enfants, des adolescents et des jeunes adultes. Les chiffres sont accablants tant les manifestations des troubles mentaux sont nombreuses. Le confinement dû à la Covid 19 n'a fait qu'empirer le phénomène. Des solutions existent et doivent être utilisées.

Santé mentale des jeunes

Des chiffres alarmants

Dès 2002, le rapport de l'Inserm clamait déjà qu'un enfant sur huit souffrait d'un trouble mental en France. Vingt ans plus-tard, les études montrent qu'il n'y a guère d'amélioration. Celle de Santé Publique France, par exemple, publiée en juin de cette année, fait ainsi ressortir que 13 % des enfants de 6-11 ans scolarisés du CP au CM2, présentent au moins un trouble probable de santé mentale. A l'adolescence, la situation ne s'arrange pas, les enquêtes faisant état de troubles psychiques à hauteur de 10 et 20 % pour les jeunes âgés de 15 à 25 ans La progression la plus importante a été observée chez les jeunes adultes de 18 à 24 ans où près de 21 % ont vécu un épisode dépressif caractérisé en 2021 contre 11,7 % en 2017, soit une hausse de 80 %, selon Santé Publique France. Un quart des jeunes sont malheureux au quotidien et ont des idées suicidaires avertit l'association Psychodon et près de 24 000 jeunes ont tenté de se suicider en 2021, un chiffre jamais atteint jusqu'ici, selon Mobilité Mutuelle (Groupe Malakoff Humanis).


Des causes multiples

La crise du Covid qui a isolé et précarisé bon nombre de jeunes ; la crise climatique qui engendre une Eco anxiété, la guerre en Europe, les tensions sociales et malheureusement le harcèlement scolaire, sont autant de facteurs pouvant entrainer une dégradation de la santé mentale des adolescents, le tout dans un monde désormais connecté avec accès en direct à une actualité souvent lourde. Pour les plus de 18 ans, les études, les difficultés financières, le travail et le télétravail, la santé physique contribuent aussi à certaines formes de mal être. Les signaux d'alertes sont nombreux. On y retrouve principalement : l'anxiété, la fatigue anormale, la perte d'appétit, la boulimie, les obsessions, les troubles émotionnels, les absences et difficultés scolaires, la tristesse, les idées noires, l'isolement et l'agressivité.

Les plus petits ne sont pas épargnés. « Entre 0 et 4 ans, c'est avant tout la santé mentale des parents qui a un impact sur leur psychisme. Durant la période Covid, Il y a eu beaucoup moins d'ouverture sur l'extérieur, de sorties, de stimulations et de relais pour les parents. L'exposition aux écrans a, elle aussi, augmenté dans de fortes proportions, conduisant à beaucoup de retard au niveau du langage notamment. Le confinement a aussi entrainé de nombreux reports de diagnostics au niveau des troubles du neurodéveloppement de manière générale et plus particulièrement de l'autisme », explique Lucile Mazières, pédopsychiatre en centre hospitalier universitaire.

Des évolutions dans les dispositifs de prises en charge

La difficulté pour les adultes non formés est de trouver le bon interlocuteur. Dans cette optique, les pouvoirs publics ont accéléré le développement de services permettant d'avoir accès à un professionnel compétent grâce à l'intervention de l'Assurance maladie. Le dispositif « Mon soutien psy » par exemple, permet à toute personne, dès l'âge de 3 ans, en situation de mal-être ou de souffrance psychique ou de troubles alimentaires d'intensité légère à modérée mais aussi en cas d'usage du tabac, de cannabis ou d'alcool, (hors état de dépendance), de bénéficier de séances d'accompagnement psychologique. Proposé par le médecin, « Mon soutien psy » peut permettre une prise en charge intégrale par la Sécurité sociale et la complémentaire santé responsable (soit 95 % des contrats en circulation) des séances à hauteur de 40 € pour la première et de 30 € pour les suivantes. Le psychologue facture les séances aux tarifs fixés par l'Assurance Maladie et il ne peut pas appliquer de dépassement d'honoraires. Les mutuelles santé de leur côté, insèrent dans leurs contrats des garanties d'assistance, certaines via des plateformes de santé, permettant également d'accéder à des services de psychologues ou de coaching.


D'autres dispositifs publics existent tels que Le Fil santé jeunes, la plateforme Soutien étudiants et le numéro national de prévention du suicide : 3114 disponible 24h/7j (appel et service gratuits), qui ont aussi pour objectifs de ne pas laisser les personnes seules.

L'école en première ligne

Permettre à chaque élève de s'épanouir et d'avoir toute sa place à l'école. Tel est l'un des objectifs principaux fixés par le Gouvernement aux académies pour la rentrée scolaire 2023. Les personnels de l'éducation nationale devront ainsi veiller avec une attention toute particulière à la mise en place des mesures visant à protéger la santé mentale des élèves, à repérer ceux qui sont en en souffrance et à les orienter vers les personnels compétents, précise le Ministère de l'Education Nationale de la Jeunesse et des Sports (d'après le Bulletin officiel n° 27 du 6 juillet 2023).

Pour mieux détecter les élèves rencontrant des difficultés, le gouvernement va lancer une vaste opération de formation en santé mentale. Pour le ministère de l'éducation nationale, il convient de former au moins deux adultes par établissement durant l'année scolaire 2023-2024. Ces mesures complètent celles des formations ouvertes à tous aussi bien pour les adultes que pour les étudiants.

Autre fléau à combattre, le harcèlement scolaire. Une priorité absolue pour le Gouvernement. Là encore, les personnels seront formés à la prévention, au repérage et à l'écoute. Les élèves à l'origine de harcèlement pourront aussi être affectés dans un autre établissement. Enfin, plusieurs plateformes d'écoute spécialisées comme le 3020 (harcèlement) et le 3018 (cyberharcèlement) ont été créées. Elles viendront compléter le numéro de prévention du suicide : 3114 dont la promotion sera renforcée.

Les dispositifs existent. Il convient à présent de ne pas hésiter à les utiliser, trop de jeunes l'ignorent et ont encore du mal à se confier à un tiers. Reste que toutes ces avancées masquent un problème dénoncé depuis longtemps : le manque de psychiatres et de personnels soignants pour pouvoir suivre et soigner le plus grand nombre.