Quelles obligations de l'employeur pour la complémentaire santé d'entreprise ?

Depuis le 1er janvier 2016, tout employeur du secteur privé est tenu de proposer une mutuelle d'entreprise à ses salariés.

Selon le contrat choisi, la mutuelle peut offrir des remboursements plus complets, une couverture des ayants droit ou encore des prestations spécifiques. Nous faisons le point sur les obligations légales des entreprises, les droits des salariés et les raisons qui ont conduit à la mise en place de la loi ANI.

En résumé

Ce qu'il faut retenir

  • Depuis le 1er janvier 2016, toute société du secteur privé doit proposer une complémentaire santé collective à ses salariés.
  • L’employeur doit financer au minimum 50% de la cotisation, le reste étant à la charge du salarié.
  • La mutuelle obligatoire doit inclure un panier de soins minimal : ticket modérateur, forfait hospitalier, traitements dentaires et optiques de base.
  • Certains salariés peuvent être dispensés d’adhésion (CDD court, temps partiel, bénéficiaires CSS, déjà couverts ailleurs…).
  • En cas de manquement, l'organisation s’expose à des risques prud’homaux et à des redressements URSSAF si le contrat n’est pas conforme.
obligations de l'employeur pour la complémentaire santé

Qu'est-ce que la complémentaire santé obligatoire en entreprise ?

Une mutuelle santé d'entreprise permet aux collaborateurs de réduire le reste à charge sur leurs dépenses de santé. En effet, la plupart de leurs traitements ne sont pas remboursés en totalité par la Sécurité sociale. Consultation médicale, visites chez le dentiste, achat de lunettes ou hospitalisation : les frais peuvent vite s'accumuler. Une mutuelle d'entreprise garantit donc une couverture complémentaire indispensable.

Contrairement aux mutuelles individuelles, les mutuelles collectives concernent l'ensemble des salariés d'une entreprise. Elles sont adaptées aux besoins spécifiques de l'entreprise et de son secteur d'activité, et peuvent inclure des garanties supplémentaires comme la couverture des ayants droit ou d'interventions spécifiques.

Quelles sont les exceptions à l'adhésion à la mutuelle d'entreprise ?

L'employeur du secteur privé est tenu de proposer cette mutuelle à tous ses salariés. Cependant, dans certains cas, un salarié peut être dispensé d'adhérer si :

  • Vous êtes en contrat à durée déterminée, contrat de mission ou apprenti (selon la durée du contrat et si le régime de couverture santé de l'entreprise le prévoit).
  • Vous êtes salarié à temps partiel ou apprenti et votre prime excède 10% de votre salaire.
  • Vous bénéficiez de la complémentaire santé solidaire (C2S).
  • Vous êtes ayant-droit d'une mutuelle santé obligatoire de votre conjoint(e).
  • Vous êtes déjà couvert par un contrat de complémentaire santé à titre individuel.
  • La mutuelle d'entreprise obligatoire a été mise en place par décision unilatérale de l'employeur (DUE).

Renseignez-vous auprès de votre société afin de savoir si vous avez la possibilité d'être dispensé d'intégrer cette mutuelle.


Quelles sont les obligations de l'employeur en matière de complémentaire santé ?

La participation financière de l'employeur

L'entreprise doit financer au moins 50% du coût de la mutuelle obligatoire. Le salarié prend en charge le reste. Cette obligation s'applique quelle que soit leur ancienneté dans l'entreprise. S'il s'agit d'une obligation plancher, l'employeur est ensuite libre de cotiser jusqu'à 100% selon ses possibilités.

Prenons un exemple avec une cotisation de 80 €. La société règle 40 € (la moitié de la prime). De son côté, le salarié règle 40 € (l'autre moitié de la prime).

L'implication financière de l'employeur est exonérée de charges sociales. Cette exonération est plafonnée à 6% du plafond annuel de la Sécurité sociale (PASS) + 1,5% de la rémunération brute annuelle du salarié. Le montant global ne doit pas excéder 12% du PASS. En 2025, il s'élève à 47 100 €. La part de contribution prise en charge par l'entreprise est aussi déductible du résultat fiscal de l'organisation. Toutefois, elle reste assujettie à :

  • La CSG et la CRDS à hauteur de 9,7%.
  • Une cotisation de 8% au titre du forfait social.
Idée

Bon à savoir : Quelle prise en charge de la complémentaire santé dans la fonction publique ?

Dans la fonction publique d'État, depuis le 1er janvier 2022, votre administration prend en charge 15 € par mois des contributions à votre mutuelle santé. Dès le 1er janvier 2026, vos primes seront remboursées à hauteur de 50%.

Le panier de soins minimal

D'autre part, l'employeur doit s'engager à proposer un panier de soins minimal. Celui-ci doit contenir les garanties suivantes :

  • Remboursement du ticket modérateur sur les consultations et prestations remboursées par la Sécu.
  • Remboursement de la totalité du forfait journalier, soit 20 € par jour en hôpital et clinique et 15 € par jour dans un service psychiatrique.
  • Indemnisation des frais dentaires (prothèses et orthodontie) à hauteur de 125% du tarif conventionnel.
  • Prise en charge des frais d'optique tous les 2 ans sans changement de correction à hauteur de 100 € pour les verres simples et 150 € (voire 200 €) pour les verres complexes, monture comprise.
Idée

Bon à savoir

l'employeur est libre de choisir la compagnie d'assurances auprès de laquelle il souscrit un contrat de complémentaire santé obligatoire. Toutefois, les partenaires sociaux de l'entreprise peuvent lui recommander un organisme.

Résumé du remboursement par une mutuelle d'entreprise responsable

Résumé du remboursement par une mutuelle d'entreprise responsable
PrestationsCe que la mutuelle doit couvrirÀ noter / limites
Traitements courants (consultations médicales, médicaments à service médical rendu majeur – remboursés à 65% par la Sécu)Remboursement à 100% de la base d'indemnisation de la Sécurité sociale (BRSS)Ne couvre pas les dépassements d'honoraires, ni certaines majorations hors parcours de soins
Forfait journalier hospitalierPris en charge intégralement et sans durée maximale
Soins dentaires courants (ex. détartrage, traitement de caries)100% de la BRSSPour les prothèses dentaires et certains traitements, prise en charge intégrale dans le cadre du 100% Santé
Optique100% de la BRSS pour les traitements classiques
  • Lunettes renouvelables tous les 2 ans (1 an pour les enfants ou en cas de changement de correction)
  • Monture plafonnée à 100 €
  • Indemnisation des verres encadré par des planchers et plafonds selon la complexité (ex. verre simple : entre 50 € et 420 €)

Ce que le contrat responsable n'inclut pas

  • La participation forfaitaire (2 € par consultation, jusqu'à 50 € par an et par assuré)
  • Les franchises médicales (1 € par boîte de médicament, 4 € par transport sanitaire, plafonnées à 50 € par an)
  • Les majorations en cas de non-respect du parcours de soins (absence de médecin traitant déclaré, consultation sans orientation)
  • Les dépassements d'honoraires en dehors du parcours autorisé

Le versement santé

Certains salariés dispensés de souscrire la mutuelle obligatoire d'entreprise peuvent bénéficier du versement santé. Ce dispositif, financé par l'entreprise, leur permet de contribuer au financement d'une couverture santé individuelle.

Qui peut en bénéficier ?

Le versement santé concerne principalement :

  • Les salariés en CDD ou contrat de mission.
  • Les apprentis.
  • Les salariés à temps partiel.
  • Et certains cas de dispense prévus par la loi.

Ce dispositif n'est pas ouvert à tous les salariés dispensés d'adhésion.

Comment est-il calculé ?

La valeur est déterminée chaque mois à partir de la contribution que l'employeur aurait versée pour la mutuelle collective de la catégorie du salarié. Si ce montant de référence n'est pas connu, un forfait légal s'applique. En 2025, il est fixé à 21,50 €. Il est ensuite multiplié par un coefficient :

  • 105% pour un salarié en CDI.
  • 125% pour un salarié en CDD ou en mission d'intérim.

Exemple concret

Un patron verse 60 € pour la mutuelle des salariés d'une catégorie donnée. Un salarié en CDI de cette catégorie travaille 50 heures par mois.

Montant de référence : 60 € × (50 h / 151,67 h) = 19,78 €.

Après application du coefficient de 105%, le versement santé atteint 20,77 €.

Si cette valeur ne peut être calculée, le salarié perçoit directement le forfait légal de 21,50 € en 2025.

Régime social

L'employeur profite d'une exonération de cotisations sociales sur les versements santé. Comme pour sa contribution financière aux cotisations des salariés, il est tout de même redevable de la CSG-CRDS et du forfait social, si l'entreprise compte plus de 11 employés.

Comment mettre en place la mutuelle santé d'entreprise ?

Tout d'abord, l'employeur doit examiner la convention collective ou l'accord de branche auquel l'entreprise est soumise. En effet, un régime de complémentaire santé peut lui être imposé. En l'absence de dispositions collectives, il est possible de trouver une entente en négociant un accord collectif au sein de l'organisation entre :

  • Le patron.
  • Les représentants du personnel.

Les négociations n'aboutissent pas entre les deux parties ? L'effectif de l'entreprise est inférieur à 50 employés ? Dans ce cas, la mutuelle d'entreprise est mise en place par décision unilatérale de l'employeur (DUE). Un document mentionne alors les détails du contrat choisi : nom de l'organisme, garanties, montant des primes, etc.


Les conséquences de ne pas adhérer à une mutuelle d'entreprise

Refuser la mutuelle de votre entreprise peut avoir plusieurs impacts, si vous n'avez pas de protection individuelle :

  • Des frais de santé plus élevés : consultations, médicaments, interventions dentaires ou optiques restent en grande partie à votre charge.
  • Une couverture limitée : certaines garanties, comme l'orthodontie ou les lunettes, peuvent ne pas être remboursées.
  • Moins de sûreté financière : en cas d'hospitalisation ou de traitement coûteux, vous assumez l'essentiel des dépenses.
  • Des avantages perdus : vous renoncez aux tarifs négociés et à l'apport de l'employeur.

Même en bonne santé, souscrire reste un moyen simple de se protéger et d'éviter de mauvaises surprises.

FAQ

Questions fréquentes sur l'obligation employeur liée à la complémentaire santé (FAQ)

L'employeur est-il obligé de proposer une complémentaire santé à ses salariés ?

Oui, depuis 2016, toute entreprise du secteur privé (hors particuliers employeurs) doit proposer une complémentaire santé collective obligatoire à ses salariés, respectant un panier minimal de garanties.

Quelles sont les garanties minimales imposées à la complémentaire santé d'entreprise ?

La couverture doit inclure, au minimum, le ticket modérateur sur les soins courants, le forfait hospitalier, les traitements dentaires et optiques essentiels, dans le cadre d'un contrat dit “responsable”.

L'employeur doit-il financer tout ou partie de la complémentaire santé collective ?

Oui, il doit prendre en charge au moins 50% du coût de la complémentaire santé obligatoire, le reste étant être à la charge du salarié.

Quels salariés sont concernés par l'obligation de complémentaire santé de l'employeur ?

Tous les salariés en contrat à durée indéterminée ou en contrat à durée déterminée de plus de 3 mois sont concernés, sous réserve des cas de dispense légaux ou prévus par accord d'entreprise.

Que faire si mon employeur ne propose pas de mutuelle ?

Si votre employeur ne propose pas de mutuelle, vous pouvez souscrire une couverture individuelle auprès d'un assureur. Il existe également des options comme la Complémentaire santé solidaire (CSS) pour bénéficier d'une protection adaptée à moindre coût. Cependant, il s'agit d'une obligation légale et il doit vous en proposer une.

À propos de l'auteur
Comparer les mutuelles santé

*Économie moyenne observée sur notre comparateur sur la période du 01/04/2024 au 30/09/2024 pour une assurance santé. Étude interne effectuée à partir de l’analyse de 246 058 tarifications : différence entre la moyenne des offres restituées et le meilleur prix proposé pour une recherche d'assurance santé répondant à ces critères sur la période indiquée.